Ouverture : récit d’une pèlerine

Ce dimanche, je me suis rendue à la source du sanctuaire de Banneux pour l’ouverture de la Porte Sainte. Arrivée avant l’heure, j’ai pu observer un spectacle, plutôt amusant.

Un homme prend en photo une dame, les mains poussées dans l’eau, le regard dirigé vers lui avec un sourire jusqu’aux oreilles, ensuite le couple se fait photographier devant la source, tout en parlant à voix assez élevée ; quelques instants plus tard, arrivent trois randonneurs, sac au dos et grosses chaussures. Avant de se pencher face aux différents robinets pour y laver leurs godasses, ils effectuent leur séance d’étirements, tout en bavardant, comme s’ils étaient sur un terrain de sports. Un petit chien fait la connaissance d’un copain à quatre pattes, pendant que les maîtres parlent bien fort des qualités de leur toutou.

Quelques minutes avant 15 heures, une voix commence un Je vous salue Marie et induit une véritable métamorphose. Toutes les distractions sont étouffées par la prière. L’atmosphère devient calme, favorable au recueillement.

Un prêtre, le lectionnaire couvert d’une icône du Christ Pandokrátor, arrive en tête d’une longue procession de prêtres et de fidèles.

L’évangile de la brebis égarée est lu dans les trois langues. (Luc, 15, 3-7). Un frère de Saint-Jean puise de l’eau à la source, eau qui sera bénite au début de l’office, avant d’être utilisée pour en asperger l’assemblée.

À l’invitation du célébrant de se mettre en marche au nom du Seigneur, la foule nombreuse se dirige vers l’esplanade en chantant le Laudate Dominum, Omnes Gentes de Taizé. Et là, ô surprise, devant la statue de la Vierge des Pauvres, nous découvrons une discrète double porte en fer forgé portant l’inscription Porta Sancta. Monsieur l’abbé Leo Palm, recteur du sanctuaire, procède à l’ouverture de cette double porte, tout en rappelant la phrase de Jésus. Je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé (Jean 10, 9). Nous sommes invités à franchir la Porte Sainte qui nous conduit vers le Dieu de la miséricorde.

La chapelle du Message est comble et la célébration eucharistique trilingue commence.

Au moment de l’homélie, le célébrant nous invite à la miséricorde (et à la patience !) pendant qu’il s’adresse aux fidèles néerlandophones et germanophones.

Quelques points de l’homélie :

Elisabeth s’écrie : D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?

Nous pouvons nous poser la question : pourquoi Dieu vient-il vers moi ?

La réponse est que Dieu aime tellement l’être humain qu’il ne l’abandonne jamais. Marie vient à notre rencontre et nous conduit vers Dieu le Père.

Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Jean le Baptiste sursaute dans le sein de sa mère ; il est donc un précurseur pour nous. Quelle merveilleuse rencontre. Marie se met en route pour rendre visite à sa cousine qui, elle aussi, attend un enfant. Elisabeth est âgée et considérée comme stérile, mais rien n’est impossible à Dieu. Cette rencontre nous permet d’assister à un moment charnière. Nous devenons témoins que le nouveau monde est arrivé. L’Ancien Testament est emporté par le Nouveau Testament.

Saint Luc nous présente Zacharie et Elisabeth comme des justes. Ils sont irréprochables face à la justice de Dieu. Ils ont osé espérer contre toute espérance. L’ange Gabriel apparaît à Zacharie et lui dit que leurs prières sont exhaussées. Elisabeth mettra au monde un enfant, qui s’appellera Jean, c’est-à-dire Dieu fait grâce. Cet enfant est voulu par Dieu. Il sera rempli de l’Esprit Saint. Jean est déjà baptisé de l’Esprit Saint, alors qu’il plonge encore dans le liquide amniotique ! La vie de l’Esprit Saint est là. Jean renaît avant de naître. Il est né de l’eau et de l’Esprit avant de naître de sa maman.

Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume !
En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis (Lc 23, 40).

Le « bon » larron était condamné à mort, mais Jésus vient le sauver, le gracier.

Depuis la première rencontre, chez Zacharie et Elisabeth, jusqu’à la dernière, sur la Croix, la force qui nous sauve émane de Jésus.

Pendant la communion, nous avons pu apprécier la cantate BMW 147 de J.S. Bach, Jésus, que ma joie demeure, jouée à l’orgue, moment propice au recueillement et à la prière.

À la sortie de la messe, plusieurs célébrants saluent chaleureusement tous les fidèles.

Après avoir retraversé la Porte Sainte, je me suis retournée, et là j’ai été impressionnée par la statue de la Vierge des Pauvres illuminée derrière cette Porte -également brillamment éclairée.

Cette célébration, empreinte de beauté et de chaleur, nous a ouvert la porte vers l’Année de la Miséricorde, voulue par notre pape François.

Suivons l’invitation de notre évêque, Monseigneur Jean-Pierre Delville et soyons des pèlerins du jubilé.

Marie C.