Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire !

Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire !

Cinquième dimanche du temps pascal B

Lectures Ac 9, 26-31 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8

« Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ! » Voilà encore une de ces paroles-choc de Jésus. Il évoque une dépendance totale, alors que nous rêvons sans cesse d’autonomie, voire d’indépendance !

Vive l’autonomie

Soulignons d’abord qu’une certaine aspiration à l’autonomie est une belle et bonne chose. Je pense à des personnes qui souffrent d’un handicap. Il est admirable de voir tout ce qu’on a pu mettre en place pour que beaucoup parmi elles puissent vivre dans leur appartement et jouir d’une relative autonomie. Il en va de même pour des personnes âgées. Beaucoup quittent leur maison et sont accueillis dans une résidence-services : elles ont leur studio ou leur appartement, mais peuvent faire appel à de l’aide quand cela s’avère nécessaire. Je suis sûr que Jésus applaudit toutes ces initiatives et s’en réjouit du fond du cœur ! D’ailleurs, tout au long de sa vie publique, Jésus remet l’homme debout et l’invite à se mettre en route. Il suffit de penser au paralysé à qui il donne cet ordre : « Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi ! » (Mc 2, 11) L’homme avait dû faire appel à quatre amis brancardiers pour l’amener auprès de Jésus. Au retour, il peut se servir de ses jambes. Et tous les témoins sont « bouleversés et rendent gloire à Dieu ! » Oui, la gloire de Dieu, c’est l’homme debout et vivant !

Bienheureuse interdépendance

Mais notre autonomie, notre indépendance est toute relative. Depuis le début, notre pape François rappelle sans cesse qu’il y a une interdépendance. Tout est lié, tout est relié. Nous faisons partie d’un grand ensemble dont nous ne pouvons pas nous extraire. Nous vivons d’échanges. Avec la nature, avec les autres. Nous sommes essentiellement des êtres de relation, et nous ne pouvons pas nous passer de ces relations. Or, la première, la plus essentielle des relations est celle qui nous relie à Dieu.

L’homme est libre d’ignorer ou de nier ce lien, il existe pourtant. Car Dieu est « le créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. » Chaque créature doit son existence au créateur, qu’elle le veuille ou non, qu’elle le reconnaisse ou non. Cet acte créateur n’est pas uniquement l’acte initial, l’acte qui lance la créature dans l’être. Il s’agit d’un acte permanent : le Créateur nous (main)tient dans l’être. Paul le dit clairement à ses auditeurs à Athènes : « c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28). Nous sommes en permanence dans la main de Dieu et il nous porte. C’est en ce sens-là que le livre de Tobie peut affirmer : « Il n’y a rien qui échappe à sa main » (13, 2).

Certains chants liturgiques expriment cela avec grande simplicité et beauté. Ainsi, un beau chant à la Vierge Marie commence par ces mots : « Tu as porté celui qui porte tout, notre Sauveur en ton sein a pris chair. »

Illusions tragiques

Nous pouvons rêver d’une autonomie totale, mais une telle autonomie n’est qu’illusion. Nous faisons partie d’un tout, nous sommes une partie intégrale de la création qui nous porte et nous soutient. Cette dépendance de notre environnement nous apparaît de plus en plus clairement. L’homme a besoin de la nature. La nature, par contre, pourrait parfaitement se passer de l’homme. Il en va de même de Dieu : c’est par bonté, c’est par pure générosité que le Créateur a créé le monde. Il est vrai qu’il ne nous a pas demandé notre avis et notre consentement, mais il espère que nous reconnaîtrons qu’il nous a créés par amour et pour l’amour.

L’homme peut nier Dieu, mais Dieu ne le niera pas et continuera à le porter dans l’existence : il fait lever son soleil sur les bons et les méchants et tomber la pluie sur les justes et les injustes. Pourtant, le Seigneur espère une réponse d’amour à son offre d’amour. Et le véritable amour se vit librement et sans contrainte. Un grand Père de l’Eglise, saint Augustin, a formulé cela avec une concision admirable : « Dieu qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi. »

Au fond, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous parle tout d’abord du secret de sa propre vie et de sa propre joie. Son Père est le Vivant, et « moi, je vis par le Père. » (Jn 6, 57) Et il nous souhaite de rester relié indéfectiblement à son Père en nous raccrochant à lui, coûte que coûte ! Alors, nous pourrons partager sa joie de vivre, ici-bas et dans l’éternité.

 

Abbé Leo Palm


Prière universelle

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Forts de cette promesse, présentons au Seigneur notre prière commune :

                              Refrain :

  • L’Eglise se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. Seigneur, nous te confions ton Eglise : envoie ton Esprit et suscite des disciples et des apôtres pour notre temps. Nous t’en prions.

 

  • Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses. Seigneur, nous te confions tous ceux qui ont peur de toi : envoie ton Esprit et fais-leur découvrir ta bonté et ta miséricorde sans limites. Nous t’en prions.

 

  • Voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres. Seigneur, nous te confions nos communautés chrétiennes : envoie ton Esprit et fais-nous grandir dans la foi, l’espérance et l’amour. Nous t’en prions.

 

  • Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Seigneur, nous te confions tous les hommes qui vivent sur notre planète terre. Envoie ton Esprit et permets que tous découvrent le Père des cieux, vraie source de solidarité et de fraternité. Nous t’en prions.

 

Ton Esprit vient vivifier ton Eglise et prépare le monde à accueillir l’Evangile. Nous avons confiance en toi, Seigneur, et nous te bénissons pour tous tes bienfaits. Maintenant et dans les siècles des siècles.


Un chant

 

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