« Sois beau et tais-toi ! »

« Sois beau et tais-toi ! »

Deuxième dimanche du carême B

Lectures Gn 22, 1…18 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10

Transfiguré

Après le dépouillement du désert, nous voici transportés sur la montagne de la transfiguration.

Tout baigne ! Un beau tableau s’offre au regard des trois témoins privilégiés que sont Pierre, Jacques et Jean. Un Jésus rayonnant, baigné de lumière. Un ciel azur, sans le moindre petit nuage à l’horizon. Jésus en bonne compagnie : deux amis de Dieu le rejoignent et le confirment dans sa mission, deux hommes qui ont été tout ouïe pour Dieu, deux porte-parole exemplaires. Moïse et Elie, des géants de la Première Alliance.

Le spectacle est tellement ravissant que Pierre veut arrêter le temps : ce tableau, nous voulons bien le contempler pour toujours !

Apparaît une nuée. Une première ombre au tableau ? Non, car la nuée évoque la présence de Dieu. Et en effet : la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ! »

Voilà les deux mot-clé de notre évangile : « Ecoutez-le ! » Quelques heures plus tôt, Pierre et ses compagnons ont entendu de la bouche de Jésus des Paroles qu’ils ne veulent pas entendre, des mots qu’ils ne sauraient supporter. Rejet, souffrance, mort… Je les vois se boucher les oreilles. Et le dernier mot, ils ne l’entendent même pas. Résurrection le troisième jour.

Le beau tableau qu’ils contemplent sur le Thabor ne leur est pas offert pour qu’ils puissent se distraire et oublier les paroles incompréhensibles de Jésus. « Ecoutez-le, même si ses paroles ne vous plaisent pas ! Ecoutez-le jusqu’au bout ! »

Il est temps de quitter la montagne, car Jésus est attendu dans la plaine. Un papa lui amène son fils qui souffre atrocement. En descendant, le Seigneur ordonne aux trois témoins de ne rien dire à personne de ce qu’ils viennent de vivre, tant que le Fils de l’homme n’est pas ressuscité. Le sens profond de l’événement leur reste caché.

Défiguré

Car, avant la résurrection, il y a ces heures atroces d’humiliations et de souffrances, ces jours horribles de l’absence et du silence de Dieu. Jours où les apôtres prennent la fuite et se cachent, tant leur peur est grande.

Jésus suspendu à la croix, couvert de plaies après la flagellation, une couronne d’épines sur sa tête ; à sa gauche et à sa droite, deux brigands, crucifiés en même temps que lui. Jésus en très mauvaise compagnie. Aucune lumière : les ténèbres recouvrent la terre. Pas de voix qui s’entende : le Père se tait, et ce silence semble conduire le Fils au bord du désespoir. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi ? »

Ses amis ne comprennent pas et se détournent de cet horrible spectacle. Rien de beau : tout inspire l’horreur ! Tout semble négatif !

Mais justement, quand j’entends le mot « négatif », je ne peux m’empêcher de penser à la manière dont on faisait les photographies avant l’ère digitale.

Avant d’avoir l’image dans toute sa splendeur, on a affaire au négatif qui ne laisse pas transparaître la beauté de l’image et de la scène qui a été photographiée. Tant que le papier n’est pas plongé dans le révélateur, l’essentiel reste invisible.

Révélé

Il faudra un révélateur, il faudra surtout que les apôtres apprennent à regarder autrement ce qu’ils ont sous les yeux. Il faut que nous changions notre regard sur le crucifié. L’homme qui souffre et meurt nous horrifie, et nous avons du mal à lever les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.

Regarder autrement : nous devons passer de l’amour de la beauté à la beauté de l’amour, comme le cardinal Martini de Milan l’a si bien exprimé. Alors subitement, les critères de la beauté changent complètement. La véritable beauté nous saute aux yeux.

Regardons le Père Damien défiguré par la lèpre : à première vue, il est affreux, voire dégoûtant. Mais quand on sait qu’il a rejoint les lépreux sur l’île de Molokai pour leur manifester la proximité et la tendresse de Dieu pour eux, alors notre regard change. Il est défiguré, c’est vrai, mais par amour ! Il est devenu lépreux avec les lépreux.

Regardons Mère Teresa de Calcutta : ses rides n’en font pas un top-modèle. Mais nous connaissons son histoire : elle ne passait pas son temps devant un miroir pour se faire belle ; elle priait longuement devant le crucifié qu’elle allait ensuite servir dans les malades et les mourants. Ici, la beauté de l’amour éclate au grand jour !

Chaque plaie du Père Damien, chaque ride de Mère Teresa témoigne de l’amour que l’Esprit Saint est venu répandre dans leur cœur. Oui, la beauté de l’Amour apparaît ici au grand jour !

                                                                                                                      Abbé Leo Palm


Prière universelle

Jésus Christ est mort ; bien plus : il est ressuscité, il est assis à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Par Jésus, adressons notre prière commune au Père :

  • Dieu dit à Abraham : Puisque tu as écouté ma voix, je te comblerai de bénédictions. Seigneur, donne ta bénédiction à tous ceux qui s’efforcent d’écouter ta parole et de la mettre en pratique. Nous t’en prions.

 

  • Paul écrit aux chrétiens de Rome : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Seigneur, fais découvrir à tous les hommes que tu veux leur salut, coûte que coûte. Nous t’en prions.

 

  • Le psalmiste dit dans sa prière : Je tiendrai mes promesses au Seigneur, devant tout son peuple. Seigneur, accorde à tous les chrétiens de grandir dans la fidélité aux promesses de leur baptême. Nous t’en prions.

 

  • Pierre dit à Jésus : Rabbi, comme il est heureux que nous soyons ici ! Seigneur, donne à ceux qui croient de s’attacher à toi, dans le bonheur et dans l’épreuve, dans la joie et dans la peine. Nous t’en prions.

 

Seigneur, donne-nous d’entendre ta voix dans le brouhaha de ce monde, et fais-nous découvrir que tu es le Dieu qui sauve. En Jésus, le Christ, notre Seigneur.


 

 

Lascia un commento

Questo sito usa Akismet per ridurre lo spam. Scopri come i tuoi dati vengono elaborati.