5ième dimanche du temps ordinaire B
Lectures: Job 3, 1-5.10 ; I Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20
La liturgie de la Parole nous indique toujours un chemin, une piste qu’elle voudrait nous voir explorer ensemble. Et c’est généralement la première lecture qui nous fournit la clé pour entrer dans l’évangile.
Atterré !
Il me semble qu’aujourd’hui, cette clé est la question de Job : « Quand pourrai-je me lever ? » Le pauvre Job est écrasé par des épreuves de toutes sortes : épreuves familiales, épreuves de santé… Même ses nuits sont hantées de cauchemars. Job est un homme écrasé, courbé, abattu, par terre. Une question l’obsède : « Quand pourrai-je me lever ? Quand vais-je reprendre goût à la vie, quand vais-je retrouver la joie de vivre ? Quand pourrai-je vivre en homme debout ? »
Dans l’évangile, nous voyons également quelqu’un qui est couché, avec de la fièvre. La belle-mère de Simon Pierre est au lit, accablée par la maladie. Et elle se demande sans doute : « Quand pourrai-je à nouveau me lever ? » Ses proches profitent de la venue de Jésus pour lui parler de la malade. Et que fait Jésus ? Il s’approche, la prend par la main et la fait se lever. Il la remet littéralement sur pied, et elle peut reprendre ses activités ménagères. « Elle les servit, » dit l’évangile.
Paul, dans la deuxième lecture, nous parle d’un évangile qu’il faut annoncer coûte que coûte. Il s’agit d’une bonne nouvelle que Paul a expérimentée dans son corps et dans son cœur. Pas une théorie abstraite, mais une expérience personnelle qu’il transmet avec enthousiasme. Vous connaissez l’histoire de sa conversion. Paul est convaincu que les adeptes de Jésus forment une petite secte qu’il faut à tout prix éradiquer. Il part même pour Damas, en Syrie, pour arrêter les chrétiens, les ramener à Jérusalem pour les faire croupir en prison s’ils ne se rétractent pas. Sur la route, Jésus lui apparaît. Le récit nous dit qu’il tombe par terre, au propre et au figuré. Il tombe de son cheval et se retrouve dans la poussière. Mais il s’effondre surtout intérieurement, il est atterré parce qu’il se rend compte qu’il s’est trompé sur toute la ligne. Il est par terre. Mais que lui dit Jésus : « Lève-toi ! » Paul se relève de terre, il reçoit le baptême, et aussitôt, il commence à parcourir le pays et proclame cette Bonne Nouvelle : Jésus est bel et bien le Messie, le Christ, le Sauveur. Il nous relève par son pardon, il nous sauve et nous remet debout.
Enterré !
Les épisodes dans les évangiles où Jésus intervient pour relever ceux qui étaient par terre sont légion. Je suis sûr que vous pensez à l’un ou l’autre que vous affectionnez tout particulièrement. Mais vous vous dites peut-être en vous-même : tout ça, c’est très bien, mais le jour viendra où l’on est définitivement couché et où l’on ne se relèvera plus, le jour où l’on s’endort pour de bon pour ne plus se réveiller et se lever.
C’est ce qui est arrivé à Jésus lui-même. Il est mort dans des souffrances atroces. Quelques amis sont venus le descendre de la croix. Ils l’ont embaumé et déposé dans une tombe. Lorsque les femmes viennent le lendemain du sabbat, lorsqu’elles viennent alors qu’il fait encore sombre, elles ne s’attendent à rien de particulier. Première surprise : le tombeau est ouvert et vide ! Marie Madeleine reste près du sépulcre et pleure toutes les larmes de son corps. Elle sent que quelqu’un se tient derrière elle, elle se retourne et le prend pour le jardinier : « Si c’est toi qui l’a enlevé, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le chercher. » Elle s’attend à retrouver un cadavre, déposé quelque part. Elle n’a pas imaginé revoir Jésus debout et vivant. Et pourtant, c’est bien lui qui se tient là et l’appelle par son nom : « Marie ! » Alors le voile de deuil tombe et elle reconnaît son maître ! Marie était effondrée, la voilà debout, prête à partir. Car Jésus l’envoie vers ses amis pour annoncer la nouvelle.
Réveille-toi, relève-toi !
Nous sommes au cœur même de notre foi chrétienne : le Père a relevé Jésus, il l’a réveillé du sommeil de la mort. Car la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, la gloire de Dieu, c’est l’homme debout.
« Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ! » Ep 5, 14) « Oui, je me lèverai, et j’irai vers mon Père ! »
Abbé Leo Palm
Prière universelle
Les foules se pressaient pour confier leurs soucis et leurs difficultés à Jésus. Que notre prière commune prenne en compte les besoins du monde et de l’Eglise :
Refrain : Dieu de tendresse, souviens-toi de nous.
- Seigneur, nous te confions les grands malades, ceux qui, comme Job, ne voient pas d’issue et frôlent parfois le désespoir. Qu’ils découvrent ta présence à leurs côtés, et que l’espérance du salut que tu offres les porte et les soutienne. Nous t’en prions.
- Seigneur, nous te confions les victimes de l’oppression et de la violence, ceux dont la contestation est réprimée brutalement et sans scrupules. Que nos préoccupations actuelles ne nous empêchent pas de nous indigner et de protester vigoureusement. Nous t’en prions.
- Seigneur, nous te confions ceux qui sont aveuglés par leur soif de pouvoir et de richesses. Ouvre leurs yeux afin qu’ils voient leurs égarements et cessent enfin d’abandonner les plus pauvres à leur triste sort. Nous t’en prions.
- Seigneur, nous te confions ceux qui, comme Paul, ont la mission d’annoncer l’Evangile à temps et à contretemps. Remplis-les de ta force et de ton dynamisme afin qu’ils ne se découragent pas devant les obstacles qu’ils rencontrent. Nous t’en prions.
Seigneur, tu es sorti pour que la Bonne Nouvelle soit proclamée dans le monde entier. Permets-nous d’être tes témoins là où nous vivons. Toi qui es avec nous maintenant et jusqu’aux siècles des siècles.
Une prière
Je te vois, Seigneur Jésus, en ton évangile…
Compatissant pour tous,
tu te souviens que notre vie n’est qu’un souffle,
et tu puises auprès du Père
la force qui nous sauve…
Au service de tous,
libre à l’égard de tous,
tu t’en vas dans un endroit désert,
tu reçois du Père ta mission pour tous…
Je te vois, Seigneur Jésus, et je rends grâce au Père…