Quatrième dimanche du temps pascal B
Lectures : Ac 4, 8-12 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18
Ma vie, nul ne la prend !
La mort, les hommes l’ont parfois imaginée comme « la grande faucheuse » : un être squelettique vêtu d’une cape noire et munie d’une faux. Elle rôde sur notre terre à la recherche de vies à faucher. Et quand vient notre heure, elle vient cueillir un autre trophée. Impossible de lui échapper. Tôt ou tard, elle se tient à notre porte et nous emporte.
La grande faucheuse… fauchée !
Cette mort, nous dit le prophète Isaïe, Dieu la détruira un jour. Oui, le jour viendra où elle connaîtra une défaite totale et irréversible. Et nous le croyons : c’est chose faite depuis le matin de Pâques. Le Christ a défait et vaincu la mort une fois pour toutes.
Pour ma part, j’aime imaginer la mort qui monte sur le Golgotha le Vendredi Saint vers trois heures de l’après-midi. Elle vient pour s’emparer de Jésus. Mais, énorme surprise : elle ne trouve plus rien, il n’y a rien à prendre. Car Jésus a tout donné : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ! » (Jn 10, 18) Nul ne la prend, et j’ose ajouter : même pas et surtout pas la mort !
La mort s’était déjà frotté les mains squelettiques pensant cueillir son plus grand trophée, le Fils unique de Dieu. Elle en est pour ses frais et s’en va les mains vides. Oui, Jésus s’est vidé, complètement vidé. Et le coup de lance du soldat romain libère encore le peu de sang et d’eau qui restent pour qu’ils deviennent les sacrements de l’Eglise.
Il a tout donné…
Comme une source qui se donne sans compter, comme une source qui ne retient pas la moindre goutte d’eau, Jésus a tout donné.
« Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » Et le Seigneur d’ajouter : « Mon Père m’aime parce que je la donne pour la reprendre ensuite. » (v. 17) La source est sûre et certaine que l’eau ne lui manquera jamais et jaillira à nouveau à travers elle. Elle se sait reliée à une nappe phréatique inépuisable. Jésus est assuré de sa résurrection car il connaît son Père, source de vie intarissable.
Qui est preneur ?
« Ma vie, nul ne la prend » ? Jésus espère du fond du cœur que nous soyons « preneurs » de sa vie, à l’image du disciple bien-aimé : quand il entend Jésus lui dire « voici ta Mère », il n’hésite pas un seul instant : il la prend chez lui. Et toute la communauté des premiers chrétiens a fait de même.
« Voici mon corps, voici mon sang » : nous voyons les premiers chrétiens assidus à la fraction du pain.
Eux qui étaient morts de peur, « enterrés » vivants au cénacle, nous les voyons pleins d’assurance et d’audace une fois que le Ressuscité souffle sur eux : « Recevez l’Esprit Saint. »
Il s’est fait pauvre pour nous enrichir, il s’est vidé pour nous remplir de ses bienfaits. « O pauvreté, source de richesse, Jésus, donne-nous un cœur de pauvre ! »
Abbé Leo Palm
Prière universelle
Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Nous pouvons le prier avec une confiance totale :
Refrain : O Christ ressuscité, exauce-nous.
- C’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, que cet homme se trouve là devant vous, guéri. Seigneur ressuscité, que tout homme puisse découvrir que tu es le Sauveur : qu’en toi, nous sommes guéris et remis debout. Nous t’en prions.
- Il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés. Seigneur ressuscité, que chaque baptisé s’émerveille encore de sa dignité d’enfant de Dieu : qu’en toi, nous soyons témoins de l’espérance qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Nous t’en prions.
- Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Seigneur ressuscité, appelle encore des femmes et des hommes prêts à donner toute leur vie par amour pour toi, pour le monde et pour l’Eglise. Que, forts de ta présence, ils témoignent fidèlement et sans crainte. Nous t’en prions.
- J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Seigneur ressuscité, nous te confions l’unité et la communion entre tous les chrétiens. Qu’en toi, nous témoignions d’une humanité appelée à se réconcilier et à vivre la solidarité et la fraternité. Nous t’en prions.
Seigneur Jésus, bon pasteur, nous comptons vraiment pour toi. Remplis-nous de ton amour et de ta fidélité. Maintenant et dans les siècles des siècles.
Le chariot d’or
J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque ton chariot d’or apparut au loin pareil à un rêve splendide et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois !
Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours, et déjà je me tenais prêt dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.
Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? »
Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin, de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout ! ».
(R. Tagore)
Un chant
Christ et Seigneur, Berger de vie
Christ et Seigneur, Berger de vie,
O Fils de Dieu ressuscité,
Christ et Seigneur, tu nous conduis
Vers le plein jour dans ta clarté.
1
Lumière sur mes pas,
Tes mots sont vérité ;
Parole en qui je crois,
Tu viens me libérer.
2
Lumière au plus caché,
Reflet du Dieu très-haut,
Présence de l’Aimé,
Tu donnes un cœur nouveau.
3
Lumière dans la nuit,
Tu brilles sur nos croix ;
La force de l’Esprit
Nous mène vers ta joie.
Musique de Michel Vial, Editions Bayard; parole de Claude Bernard.