Ni ange, ni bête… la joie d’être un humain

Ni ange, ni bête… la joie d’être un humain

Premier dimanche du Carême

Lectures Gn 9, 8-15 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

Le premier dimanche du carême est traditionnellement celui de tentations de Jésus au désert. Contrairement à Matthieu et à Luc, Marc nous livre un tout petit récit de deux versets seulement : « Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert, il resta 40 jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » (Mc 1, 12-13)

Jésus vient d’être baptisé dans le Jourdain : en sortant de l’eau, l’Esprit prend possession de lui et la voix du Père se fait entendre : « Tu es mon Fils bien-aimé, il m’a plu de te choisir. » Aussitôt après cet événement marquant, l’Esprit le « jette » au désert pour qu’il soit tenté. Mais de quelles tentations s’agit-il ? « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » En quoi cette petite phrase renvoie-t-elle à une tentation ? D’un côté, les bêtes sauvages, de l’autre, les anges. Le fils d’homme qu’est Jésus se trouve entre les deux.

Et le Verbe s’est fait chair…

L’homme est un être en chair et en os, mais il n’est pas que cela. Il est aussi un être spirituel. Charles Darwin nous a rappelé avec force notre lien avec le monde animal. Beaucoup l’ont combattu parce que sa théorie de l’évolution aurait infligé une terrible humiliation à l’humanité. Ne pourrions-nous pas retenir qu’il nous appelle à une plus grande humilité (« Il faut beaucoup d’humiliations pour un peu d’humilité », disait sainte Bernadette avec beaucoup de pertinence) ? Il nous met en garde contre nous-mêmes.

Ne disons-nous pas que l’homme peut être un loup pour l’homme ? Une bête sauvage peut se réveiller en nous, une violence destructrice peut se déchaîner qui fait que l’homme devient le pire ennemi de l’homme.

Nous disons également : « Qui fait l’ange fait la bête. » Il y a un angélisme, une spiritualité désincarnée qui ne tient pas compte de ce que nous sommes vraiment. Alors nous refoulons une part de notre humanité : méfions-nous alors des retours de flamme qui sont destructeurs et autodestructeurs ! On le voit encore une fois : les extrêmes se rejoignent et se touchent.

Ni ange, ni bête : l’humain doit être « tout simplement » humain. Et d’après le créateur, cela est très bon ! Tellement bon que le Fils de Dieu a voulu devenir un fils d’homme, tellement bon que la deuxième personne de la Trinité a voulu devenir un être en chair et en os en s’incarnant en Jésus de Nazareth.

En Jésus, nous découvrons l’homme réussi, l’homme accompli, l’homme pleinement humain.

« Mettez-vous à mon école… »

En créant l’homme, le Créateur lui a confié la domination ou la seigneurie sur le monde. « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et dominez-la ! » (Gn 1, 28) Mais de quelle domination s’agit-il ? Certainement pas de pillage, de gaspillage des ressources dont recèle notre belle planète bleue. Ni de violence ou de brutalité par rapport aux créatures vivantes, en particulier par rapport aux hommes. Non, la domination envisagée par le créateur porte la marque de la douceur. Jésus le résume parfaitement bien dans la seconde béatitude : « Heureux les doux, ils auront la terre en partage. » (Mt 5, 5) « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. » (Mt 11, 29)

Cette douceur et cette humilité du cœur ne sont pas synonyme de faiblesse. Bien au contraire : il s’agit d’une force (virtus en latin), d’une vertu plus forte que la dureté et la violence. Car doux n’est pas synonyme de mou. Douceur et mollesse n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Quand les disciples veulent pousser Jésus à se battre avec des épées au moment de son arrestation, il refuse net : « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. » La violence est destructrice et autodestructrice (elle détruit l’humain dans l’humain). Par contre, la douceur refuse d’entrer dans la spirale infernale de la violence et peut « désamorcer » la bombe qui risque de tout détruire…

Jésus croit fermement que la douceur est plus forte que la violence, et que cette force pourra sauver l’humanité et inaugurer un monde de partage. « Heureux les doux, ils auront la terre en partage. »

                                                                                                                      Abbé Leo Palm


Prière universelle

En ce temps de Carême, faisons mémoire des grands serviteurs de Dieu et supplions le Seigneur :

  • Quarante jours, quarante nuits, les eaux ont recouvert le monde, et tu as sauvé Noé : sauve et bénis notre planète bleue et l’humanité tout entière. Nous t’en prions.

 

Refrain : Entends le cri des hommes, monter vers toi, Seigneur.

  • Quarante jours, quarante nuits, Moïse a demeuré sur la montagne : fais-nous vivre en ta présence, Seigneur ; que ta Parole éclaire nos pensées et inspire notre action. Nous t’en prions.

 

  • Quarante jours, quarante nuits, Elie a marché à ta rencontre : fortifie-nous, Seigneur, de ton pain de vie pour que nous puissions aller jusqu’au bout du voyage. Nous t’en prions.

 

  • Quarante jours, quarante nuits, Jésus a mené son combat au désert : par ton Esprit, Seigneur, affermis-nous pour que nous résistions à l’esprit du mal et nous convertissions de tout notre cœur. Nous t’en prions.

 

  • Quarante jours, quarante nuits, le Ressuscité s’est montré aux disciples : par ton Esprit, Seigneur, fais des chrétiens des témoins de la vie plus forte que la mort, de l’amour plus fort que la haine. Nous t’en prions.

 

Donne-nous, Seigneur, de marcher résolument sur le chemin de conversion que tu nous proposes. Avec Jésus, le Christ, notre Seigneur.


« La seule puissance que nous connaissons en tant qu’homme est souvent la force de l’agressivité ou la dissuasion des armes ; mais qui soupçonne que l’amour, l’humilité, la douceur sont une force terrible, comme le fait dire Dostoïevski au staretz Zozime : Il arrive parfois qu’en présence du péché, l’on soit dérouté et qu’on se demande : Faut-il vaincre par la force ou par le simple amour ? Dites-vous chaque fois : Par l’humble amour ! Si telle est votre résolution une fois pour toutes, vous pourrez soumettre le monde. L’humilité de l’amour est une force terrible, comparable à nulle autre ! » (Les frères Karamazov) »

                                                                                                                      Jean Lafrance


 

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Cette année, Entraide et Fraternité marque les 60 ans de sa première campagne de Carême de partage, cette toute première campagne qui a vu le jour en 1961 pour répondre à une terrible famine dans la province du Kasaï au Congo. Depuis, nous avons créé des relations partenariales durables dans les pays du sud, nous avons développé une expertise reconnue par nos pairs, nous avons permis à des centaines de milliers de personnes de vivre une vie digne, dans le respect de leur humanité.

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