Voyez mes mains et mes pieds !

Voyez mes mains et mes pieds !

Troisième dimanche du temps pascal B

Lectures : Ac 3, 13-19 ; 1 Jn 2, 1-5a ; Lc 24, 35-39

« Saisis de frayeur et de crainte, les disciples croyaient voir un esprit ! » Si l’évangéliste Luc a retenu cette réaction des premiers témoins, c’est pour souligner que le Ressuscité n’est pas un fantôme, un esprit qui viendrait hanter nos nuits et effrayer les hommes ! Le Ressuscité est bel et bien Jésus de Nazareth dont les pieds ont foulé les routes de Palestine, dont les mains ont relevé les malades et touché les lépreux. L’évangile de ce dimanche insiste fortement là-dessus ! « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ! » Les mains et les pieds portent encore la marque des clous : le Ressuscité est le Crucifié. « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » La résurrection ne vient pas annuler l’incarnation. Le Fils de Dieu s’est fait homme dans le sein de la Vierge Marie, et il est homme pour l’éternité !

En lien avec cet évangile, j’ai trouvé un beau petit témoignage d’une chrétienne enthousiaste. Après Pâques, elle avait eu l’occasion de passer quelques jours dans un monastère. Les moniales en vêtement blanc chantaient admirablement bien ; le soleil illuminait les vitraux et faisait du chœur de l’église un lieu magique. La retraitante disait : « Il y avait une telle élévation que la vie quotidienne disparaissait de l’horizon. Que notre foi est belle et spirituelle ! »

Pourtant, après les offices, les sœurs quittaient leur habit de chœur et mettaient leur tenue de travail. Notre retraitante les a accompagnées au jardin où il fallait réparer une clôture et planter des oignons. « Le soir, dit-elle, j’avais des cloches aux mains et mon dos me faisait très mal ! » Cela aussi fait partie de la vie monastique : Ora et labora, prie et travaille ! Le travail physique, des articulations qui font mal, des mains sales, des pieds qui vous portent d’un lieu vers un autre…

Oui, le Ressuscité ne revient pas comme un pur esprit, sans corps, sans os, sans chair. Il garde quelque chose de bien terrestre, de bien incarné. Il y a là un message pour nous, les disciples de Jésus Christ. Il nous envoie sur les routes pour que nous devenions ses messagers. Il est vrai que la Bible a parfois un élan poétique quand elle évoque la mission. Je pense au prophète Isaïe : « Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la Bonne Nouvelle, qui annonce le salut et vient dire à Sion : ‘Il règne, ton Dieu.’ » (Is 52, 7)

C’est poétique, mais la réalité est souvent plus prosaïque. Et Jésus lui-même en sait quelque chose. Quand il a marché toute la matinée pour retourner de Judée en Galilée, il arrive au puits de Jacob, fatigué et assoiffé. Et il demande un peu d’eau à une femme qui se présente pour puiser. Il a besoin d’un coup de main !

Il veut aussi avoir besoin de nos pieds pour courir vers les hommes. Il veut aussi avoir besoin de nos mains : que d’ordres et de congrégations ont bien compris cela, des religieux et religieuses ont retroussé leurs manches pour se mettre au service !

Je termine par une petite histoire qui nous rappelle que la vraie spiritualité chrétienne est une spiritualité bien incarnée.

Le maître voyageait avec un disciple à qui il avait confié les soins de son chameau. Un soir, alors qu’ils arrivaient à une auberge, le disciple était tellement fatigué qu’il négligea d’attacher l’animal. En se couchant, il dit cette prière : « Mon Dieu, prends soin du chameau, je te le confie ! » Le lendemain matin, le chameau avait disparu. « Où est mon chameau, » demande le maître étonné. « Je n’en sais rien, dit le serviteur, il faut poser la question au Bon Dieu. C’est à lui que, à cause de ma grande fatigue, j’ai confié la garde. C’est lui le responsable. Ce n’est pas ma faute s’il s’est échappé, car j’ai demandé explicitement au Seigneur de le surveiller. Toi, maître, tu m’as toujours exhorté à une confiance totale en Dieu. Oui ou non ? » « C’est vrai, dit le maître, il faut toujours avoir une grande confiance en Dieu. Mais auparavant, attache ton chameau ! Parce que Dieu n’a d’autres mains que les tiennes ! »

                                                                                              Abbé Leo Palm


Prière universelle

Mettons notre foi et notre espérance en Dieu : il n’est jamais sourd à nos appels :

Refrain : Seigneur, écoute-nous, Seigneur, exauce-nous.

  • Seigneur, nous te confions tous ceux qui s’éloignent tristes et déçus, tournant le dos à ton Eglise : que, comme Jésus, nous soyons à leur écoute et prenions au sérieux leurs déceptions et leur désespoir. Nous t’en prions.

 

  • Seigneur, nous te confions tous ceux qui sont lents à croire : donne-nous un grand amour des évangiles. Que nos cœurs se réchauffent à l’écoute de ta Parole qui nous révèle ton projet d’amour pour toute l’humanité. Nous t’en prions.

 

 

  • Seigneur, nous te confions les messagers de la Bonne Nouvelle de Pâques : donne-nous un nouvel élan missionnaire. Que, comme les disciples d’Emmaüs, la rencontre avec toi, le Ressuscité, nous donne des ailes pour aller à la rencontre de nos contemporains. Nous t’en prions.

 

  • Seigneur, nous te confions tous les baptisés : fais-nous la grâce d’une foi incarnée, d’une foi qui se traduise en charité active. Que nous ayons à cœur d’être solidaires des frères et sœurs dans le besoin et de leur venir en aide. Nous t’en prions.

 

Seigneur, que la joie et la paix de Pâques parviennent à toutes les nations et à chaque être humain en particulier. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.


Un chant

 

 

 

 

Leave a Reply

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.