Bienheureuse espérance !

Bienheureuse espérance !

« Nous attendons que se réalise la bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et sauveur, Jésus-Christ ! »

Bienheureuse espérance ! L’apôtre Paul est bien audacieux. Avec lui, nous nous tournons résolument vers l’avenir et nous attendons la glorieuse manifestation de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus.

Tournés vers un avenir radieux – avec un cœur plein d’espérance !

Est-ce que nos cœurs ne sont pas plutôt pleins de doutes et d’inquiétudes qui rongent la bienheureuse espérance … ? Que va devenir notre belle planète bleue ? Quel avenir pour notre humanité ? Quel avenir pour notre pauvre Eglise ?    L’espérance est décidément sous pression …

Vert, espère ! Oui, vert est la couleur de l’espérance : le sapin vient le rappeler à Noël, le buis, le dimanche des rameaux… Mais justement, ces deux symboles de l’espérance sont malades, ici, dans nos contrées… Nos beaux sapins sont attaqués par les larves des scolytes, le buis, par les chenilles de la pyrale ! Ces symboles de l’espérance sont en grande difficulté. Malades, ils dépérissent …

« Et tant mieux ! », diront certains pessimistes, comme le philosophe Friedrich Nietzsche, par exemple. Les hommes sont tourmentés par de nombreux maux. Et le pire de tous les maux, c’est l’espérance, dit ce maître du soupçon. Car elle encourage l’être humain à espérer que demain, ça ira mieux, à accepter peines et douleurs alors que la mort pourrait mettre un terme à toutes les souffrances !

Bienheureuse espérance ! disait Saint Paul. Maudite espérance ! dit le philosophe !

François, le Pauvre d’Assise, était passé à Greccio. Il était entré dans chaque maison et, avec lui, un peu de joie était entrée dans le cœur des gens. Un peu de dignité aussi. Ils étaient un peu moins malheureux. Et cela vous change un homme. Car au fond, il n’y a pas tellement d’hommes méchants ; il y a des hommes malheureux qui portent en eux une plaie profonde où il fait nuit noire. François y avait déposé une petite lumière, une lueur d’espoir …

« Il reviendra. Il l’a promis, disaient les montagnards. Maintenant, c’est un ami pour nous.»                                                                                                                                     Il y avait quatre ans de cela … Allait-il vraiment revenir ? Au marché on se racontait qu’il était parti avec les croisés et qu’il s’était mis en tête d’aller à la rencontre du sultan pour parler du Seigneur Jésus. S’il était tombé aux mains des Sarrasins, il ne reviendrait sans doute jamais.

La neige se mit à tomber. François et Frère Léon hâtèrent le pas. François se réjouissait de retrouver bientôt ses amis de Greccio. Il revoyait déjà chacun d’eux : Mario, Luigi, Giovanni, Alessandro, Catarina et tous les autres. Il leur réservait une surprise, une invention de son cœur. Personne n’était au courant, sauf le Pape bien sûr, à qui il s’en était ouvert et qui l’avait approuvé et béni.

La nuit était déjà tombée sur Greccio quand ils frappèrent à la porte du vieux Mario. « Paix à cette maison ! Oui, paix mon brave et cher Mario ! »

« Padre ! Padre ! s’exclamait le vieillard. Mais ce n’est pas possible. On nous avait dit que tu étais disparu. Te voilà revenu et par un temps pareil. Oh, je savais bien, moi, que tu reviendrais. Tu nous l’avais promis. Venez vite vous réchauffer ! »…

« Alors, Mario, comment vas-tu ? Et les gens du village ? Depuis si longtemps qu’on ne s’est pas vu. » « Ah, Padre, depuis ton dernier passage ici, il s’est passé bien des choses. Des bonnes et aussi des mauvaises. J’ai perdu ma femme, le petit du charron s’est noyé. Mais ce n’est pas le pire. Certains sont retournés à leurs anciennes erreurs. Ils ne veulent plus entendre parler du Bon Dieu. Ils ont trop souffert. Ces dernières années ont été dures : maigres récoltes, vignes dévastées par la grêle, troupeaux décimés par les maladies. Et pour comble de malheur, les loups sont venus l’hiver par bandes s’attaquer au petit bétail. Alors, c’est fini, ils ne veulent plus croire en Dieu. Ils le disent du moins.

« Et toi, que dis-tu ? – Je dis que, si la perte d’une récolte est un grand malheur, perdre Dieu en est un bien plus grand encore. Après une mauvaise récolte, on peut en espérer une meilleure l’année suivante. Mais quand on a perdu Dieu, que restera-t-il à espérer ? – C’est vrai, Mario … Il y eut un silence. C’est vrai, mais, vois-tu, les pauvres ne perdent jamais Dieu complètement. Depuis que lui-même s’est fait l’un de nous, le plus pauvre, le plus misérable, Dieu est quasi présent dans la détresse, dans la souffrance et même dans le désespoir. Il est partout où il y a un appel de tendresse. Dans la désolation, surtout et jusque dans nos hontes. Seulement, les hommes ne savent pas encore le reconnaître là où il est. Il faut les y aider. Plusieurs siècles ne nous ont pas encore habitués à le voir là où il est, tant cela nous dépasse. Nous le cherchons toujours dans la puissance et la gloire. Une gloire que nous imaginons très sottement sur le mode de nos gloires humaines, comme les anciens juifs …

Mon cher Mario, dans quelques jours, c’est Noël ! Les hommes ont oublié Noël ; ils ne savent plus ce qu’est la tendresse du Père ; ils ne savent plus qui est Dieu. Il faut le leur rappeler. Il faut refaire Noël. Ah ! j’ai une idée, elle me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà. Je voudrais célébrer ici Noël, et le faire comme il ne l’a encore jamais été nulle part ailleurs depuis la naissance du Seigneur. Je voudrais réaliser une crèche vivante, dans une vraie grotte, avec de vrais animaux. Il faut que l’on puisse voir ce que fut réellement la naissance du très haut Fils de Dieu. Oui, je veux voir l’enfant tel qu’il était dans son humilité et sa pauvreté, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin entre un bœuf et un âne. Et tout le village viendra et verra, les grandes personnes bien sûr, mais les enfants aussi, surtout les enfants ; et puis les plus pauvres, ceux qui ont perdu la trace de Dieu. Il faut que tous soient là.  – Si tu le leur dis, ils viendront tous, c’est sûr, comme à la fête, dit Mario ravi … !

Tout Greccio se serra dans la grotte en cette sainte nuit de Noël. Tous contemplèrent de leurs yeux de chair le nouveau-né couché sur la paille …

« Cessons de craindre, s’écria François. L’Ange du Seigneur nous le demande. Ce petit enfant est le sauveur du monde. Sauvés ! Nous sommes sauvés, frères ! Plus jamais seuls, plus jamais abandonnés dans nos fautes, dans nos hontes et nos désespoirs. Plus rien ne peut nous séparer de la tendresse du Père. »

Quand ils prirent le chemin du retour, « chacun s’en retourna chez lui plein d’une joie ineffable », le cœur gonflé d’une bienheureuse espérance !

(Cette homélie reprend l’histoire de la première crèche vivante du Père Eloi Leclerc dans Exil et Tendresse aux éditions franciscaines).                   

  Abbé Leo Palm


 

Prière universelle pour Noël

 

Un Sauveur nous est né : tournons-nous vers lui avec espérance et confiance ; offrons-lui notre prière commune :

 

Refrain : Sois avec nous, Seigneur, Emmanuel

 

  • Seigneur Jésus, Sauveur miséricordieux, Lumière venue dans nos ténèbres, éclaire les hommes aveuglés par d’illusoires feux d’artifice. Donne-nous de voir clair et d’admirer ton humble venue parmi nous.

 

  • Seigneur Jésus, couché dans une mangeoire, Parole de Dieu entourée de silence, éclaire les hommes qui se nourrissent de slogans. Donne-nous de voir clair et de savourer toute Parole qui sort de ta bouche.

 

  • Seigneur Jésus, Sauveur révélé à de pauvres bergers, Bon Pasteur qui nous appelle, éclaire les hommes s’égarant dans la folie des grandeurs. Donne-nous de voir clair et d’avoir part à la sagesse des tout-petits.

 

  • Seigneur Jésus, Sauveur chanté par les anges, Fils de Dieu devenu l’un de nous, éclaire les hommes rivés à la vie terrestre. Donne-nous de voir clair et de reconnaître notre vocation céleste.

 

Emmanuel, Dieu avec nous jusqu’à la fin des temps, rassemble l’humanité autour de toi. Et guide-nous vers le Père, toi le bon berger pour les siècles des siècles.


Pour vous aider à prier, voici des célébrations domestiques pour Noël et un temps de prière devant la crèche :

celebration domestique de Noël – adultes seuls

celebration domestique de Noël- adultes et enfants

Prière devant la crèche



 

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